L’incident s’est déroulé le samedi 16 mai dernier près de Nantes. Alors qu’un vapoteur de 21 ans était en train d’utiliser son e-cigarette, celui-ci a explosé ce qui lui a valu une sérieuse brûlure à la main et deux tendons sectionnés. Face à cet accident, qui n’est pas le premier en France, les acteurs de la cigarette électronique demandent l’application de normes dédiées au dispositif.
Les causes probables de l’accident
La majorité des distributeurs affirment, après avoir vu la cigarette électronique qui a explosé, qu’il s’agit d’une contrefaçon donc d’un modèle bas de gamme composé d’une batterie défectueuse. La victime affirme de son côté que ce n’est pas le cas puisqu’il l’a acheté auprès d’une boutique renommée qui appartient au réseau de boutiques Ci-Klop. Ce qui est sûr, c’est que l’explosion vient bel et bien d’une batterie défectueuse. Doit-on alors croire que les dangers relatifs à la cigarette électronique ne se trouvent pas là où on l’a toujours cru ? Cet accident est le deuxième en son genre recensé en France puisque l’année dernière, une sexagénaire vivant à Limoges a déjà été victime d’une explosion. Pour ce cas-là, c’est la batterie du dispositif qui a brûlé et a entraîné l’explosion. La sexagénaire a d’ailleurs porté plainte au mois de septembre 2014.
Pas de « risque zéro »
Face à cet accident, les acteurs de la vape avouent qu’il s’agit d’un triste accident, mais pour ne pas porter atteinte à leur affaire, ils ont souligné le fait qu’il s’agit d’un accident rarissime avec un taux d’un sur un million d’utilisateurs. Rémi Parola, porte-parole de la Fédération des professionnels de la cigarette électronique (Fivape) a même déclaré que le « risque zéro » n’existe pas puisqu’il s’agit d’un dispositif industriel, mais est tout de même infime. Il pointe du doigt les batteries lithium-ion à l’origine de l’explosion, batteries que l’on retrouve également dans les téléphones portables. D’ailleurs, on recense également quelques explosions du côté des mobiles donc le nombre d’accidents du côté des cigarettes électroniques ne devraient pas dépasser celui des autres produits affirme Brice Lepoutre, président de l’association de vapoteurs Aiduce (http://www.aiduce.org/). Ce dernier craint toutefois une mauvaise publicité de l’e-cigarette suite à cet incident et le retour au tabac de nombreux ex-fumeurs qui se sont mis au vapotage.
En vidéo : Le fumeur blessé par l’explosion de sa cigarette électronique
Un mauvais point pour la cigarette électronique
Cette explosion a assurément renforcé le côté négatif de la cigarette électronique pour donner raison aux protagonistes du dispositif. Ce que craignent aujourd’hui les acteurs de la vape c’est qu’il ait réussi à dénigrer le dispositif aux yeux des usagers alors que contrairement à la cigarette traditionnelle qui tue un fumeur sur deux, ce genre d’accident ne survient qu’une fois sur un million d’usagers. Ils craignent également que cette mauvaise publicité ait des répercussions négatives sur le marché de la e-cigarette qui compte environ 1,5 million d’utilisateurs réguliers et 3 millions de vapoteurs occasionnels. Parmi ces usagers, on compte environ 400 000 personnes (résultat du baromètre sante 2014 de l’Inpes) qui ont totalement cessé de fumer pour se mettre au vapotage. Si cette explosion finit par changer les opinions, les inquiétudes de Brice Lepoutre quant au retour des ex-fumeurs au tabac seraient fondées.
Des normes pour lutter contre la contrefaçon
Les acteurs de la vape souhaitent la mise en place progressive de normes propres à l’ecig pour mieux réglementer le vapotage et lutter contre les « clones » qui ont inondé le marché depuis peu. Même si la victime de l’explosion affirme qu’il s’est procuré le matériel auprès d’une boutique de renom, les distributeurs qui ont vu le dispositif après explosion affirme qu’il s’agit d’un clone.
Fabrice Barrette, fondateur de l’enseigne Ci-Klop déplore le fait que ce matériel défectueux provienne bien d’une boutique de son réseau. Ce dernier affirme pourtant que depuis trois ans que l’enseigne œuvre sur ce marché, aucun problème de ce genre n’a jamais été déclaré. Pour plus de sécurité, l’homme a toutefois rappelés tous les produits jugés dangereux qu’il dispose dans son stock.
Pour Stéphane Elia, fabricant, distributeur et fondateur de l’enseigne Cigaverte, la e-cigarette en question est incontestablement une copie chinoise qu’il surnomme « decepticon ». Il apporte ce jugement par le fait que l’appareil est monté avec un clearomiseur, matériel de basse qualité dont même les originaux ne sont plus en vente actuellement. Il affirme que ce type de matériel est dépourvu de trous de sécurité qui permettent aux gaz de s’échapper en cas de surchauffe.
Jean-Philippe Planchon, fondateur de myVapors Europe est également de cet avis et ajoute même que la batterie est un générique de mauvaise qualité vendu seulement à 30 euros alors que l’original est à plus de 200 euros. Selon lui, les contrefaçons ont tellement investi le marché qu’il se retrouve régulièrement avec 10 % de produits contrefaits dévoilés dans son service après-vente.